Quand, si ce n’est pas maintenant ? ... qui, si ce n’est pas nous ?

du 12 novembre 2016 au 21 janvier 2017

Artistes

Gil Browaëys
Anne Bulliot
Coralie Courbet
Philippe Godderidge
Anne Mercedes
Anne Verdier

Infos pratiques

Exposition présentée du 12 novembre 2016 au 21 janvier 2017
du mercredi au samedi de 11h à 19h

Ce sont des céramistes qui sont unis par l’amitié et par le travail de la terre. Mais aussi par un rapport au monde, au désenchantement, pourquoi l’être s’est-il oublié-Heidegger, les grands récits Musil, Proust, Joyce. C’est l’expérimentation qui les motive, une manière d’être au monde, ils passent d’un bol à une performance, d’une sculpture à une installation, avec la céramique architecturale, sans pour autant renier le langage des origines.Ils forment une famille, parfois, dans les familles, on peut s’entendre. Ils se parlent, s’écrivent, il y a de l’estime, du rêve, et le rêve chez eux va leur permettre de vérifier quelque chose, il y a du respect, de la joie, de l’écoute, L’intelligence, c’est de penser aux autres. Ils partagent leur pratique, leurs expérimentations, leurs interrogations, leur doute. Mais face au désenchantement, ils cherchent à saisir la vie,seulement la vie, la vie toute seule, ce qu’il y a entre les hommes, l’espace, la forme, le son, les couleurs. Ils parlent de tout et de rien, mais chez eux, parler de tout n’est pas rien. Comme l’écrivait Paul Celan « ça les rend mieux malheureux ».

Ce sont des cérameinstreurs, à la fois céramiste, peintre, sculpteur. Le dessin, la peinture chez Coralie, Gilles, Philippe, Anne Bulliot, l’écriture chez Anne Mercedes, la vidéo chez Coralie, la danse avec Anne Verdier. Ils essayent de dire des choses qu’on ne peut pas dire, mais est-ce qu’on ne cessera pas un jour de dire les choses et qu’on commencera à les voir ces choses? Ils sont dans ce propos, dans ce cheminement. Ils travaillent ensemble, s’entraident, une profonde amitié les lie, les unit.

L’œuvre chez eux est rébellion, insoumission , mais aussi un poème, une musique, une géographie, un territoire. Leurs oeuvres sont mystérieuses, émouvantes, puissantes, poétiques, violentes, une affirmation difficile plutôt qu’une difficulté à affirmer, pas d’indication, absence le plus souvent de titre pour ne pas imposer une idée,une référence de lecture. Comme l’écrivait Rauschenberg à propos de son exposition à la Stable Gallery en 1953, « pas de sujet, pas d’image, pas de goût, pas d’objet, pas de beauté, pas de message, pas de talent, pas de technique-pas de pourquoi- pas d’idée, pas d’intention, pas d’art, pas de sentiment ». Ils font, tout simplement,se laissent porter par la vie, par la terre, et des perceptions qu’ils nous font partager, voies et voix ancestrales, imperceptibles, énigmatiques, on entend le murmure des fleurs et le silence de Dieu. L’oeil écoute, mais le ciel est vide.

Michel Blachère