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DAVID COHEN

EXPOSITION ON LINE JUSQU'AU ... FÉVRIER 2025

« De la Terre poussaient de nombreuses têtes mais sans cou ; Et erraient des bras nus dépourvus d’épaules et des yeux qui flottaient non amarrés aux fronts. Vous ne les voyez pas, dit Oreste des Érinyes, mais moi je les vois, ces têtes me pourchassent »
Pourquoi les têtes de David Cohen nous hypnotisent ? Que voient-elles ? Que racontent-elles ? Ces têtes essayent de nous dire des choses que l’on ne peut pas dire. Des têtes en terre, en bronze, cuir, marbre, montrent la trace, l’empreinte, le langage des origines, oui la présence et l’absence, la puissance tu temps qui passe. Ces têtes aperçoivent des choses invisibles que les hommes ne peuvent pas voir. Et sans aucun doute, il s’est produit quelque chose d’irréversible, d’épouvantable, d’innommable. Nous le savons, nous en parlons mécaniquement. Les religions, les familles, les philosophies, les marchés financiers sont là pour nous détourner de cette présence noire. Les têtes de David Cohen donnent une représentation de l’irreprésentable, et les femmes qui sont mortes sans un rêve et les enfants perdus.
Elles impriment et lisent aussi des poèmes d’amour, mais personne pour les écouter sauf les animaux, les fleurs, les arbres, les roches qui ne savent pas encore lire. Têtes à l’envers, monde à l’envers qui n’en finit pas de marcher sur nos têtes.
Mais David Cohen nous guide aussi vers d’autres possibles pour remettre à l’endroit le paradis d’Arthur Rimbaud : « Le monde matériel ne sera plus qu’un moyen pour évoquer les expressions esthétiques. On disposera des sentiments grâce à des lignes, des couleurs et des schémas pris au monde extérieur, simplifiés et domptés, une véritable magie »
L’œuvre de David Cohen est toujours en mouvement, en opposition à l’œuvre finie. « Le fini fait l’admiration des imbéciles » écrit Cézanne à sa mère. L’expérimentation le motive, la céramique est une question métaphysique, les émaux, les engobes donnent un équilibre à ses têtes,
ce n’est pas une idée en plus, mais une pensée qui prend forme comme un matériau qui capte et transforme la lumière. Le passé primitif sort de Terre avec la terre pour mieux occuper l’espace. C’est un mutant, un messager qui nous invite par son regard, son rapport au monde et à l’autre, mais aussi au même, à célébrer la vie face au désenchantement et à la folie humaine. Écoutons Jacques Lacan : « L’être de l’homme, non seulement ne peut être compris sans la folie, mais il ne serait pas l’être de l’homme s’il ne portait en soi la folie comme limite de sa liberté »
Et les têtes de David Cohen franchissent le mur du voir, c’est une lutte, un champ de bataille, elles essayent de vaincre ceux qui ont tenté de supprimer l’art au XXè siècle par les camps, les guerres, l’argent, mais l’acte de créer à encore été plus fort.
«  Créer, c’est résister, c’est nuire à la bêtise – Gilles Deleuze. Voix et voies mystérieuses, ancestrales, on entend le murmure des fleurs et le silence de Dieu, l’œil écoute, le ciel est vide, l’œuvre est ici rébellion, insoumission mais aussi tendresse et désenchantement ; la tendresse liée à la frayeur que nous inspire l’âge adulte après avoir compris avec angoisse que le monde de l’enfance s’éloignait. Professeur de Psychiatrie Infantile, David Cohen sait qu’une œuvre d’art est une création humain, une méditation, un recueillement, et ses têtes, ses sculptures , ses peintures s’adressent à tous et parlent à chacun.
Écoutons Roland Barthes ; «  L’intelligence, c’est de penser aux autres «  les œuvres de David Cohen s’inscrivent dans cette pensée, cette histoire où le rapport au monde, à l’autre, à son double, réel ou imaginaire, le questionne. Le  » je est un autre »  de Rimbaud.
Je pense à être celui qui pense – je suis – sinon, moi serait un autre, je suis précisément, non pas moi, mais cet autre. Qui suis-je ? Qui suis-je vraiment ? Qu’est ce que je fais ici ? Où est l’enjeu ? Les têtes de David Cohen entendent les cris des martyrs et des affamées, des êtres oubliés.
On massacre, on tue, on terrorise, on égorge, on ouvre le ventre des femmes pour tuer leurs enfants, les femmes sont violées, les incestes continuent, on vend les enfants, ceux qui sont trop faibles on les extermine, on prélève des organes pour les donner aux plus riches.
Les gouvernements, les gouvernants ne font rien, ils sont lâches, ils attendent que les sauvages tuent et que «  les civilisés « les laissent commettre leurs crimes. Les trains partaient pour Dachau, Auschwitz, Ravensbrück, ils n’ont rien fait, ils ont fait croire qu’ils ne savaient pas, et comme aujourd’hui ils ont fait semblant d’ignorer l’histoire. Ciel rouge, il pleut du sang, l’enfer est toujours là, les aubes sont toujours navrantes, pourquoi l’être s’est-il oublié ?.

— HEY ! Céramiques.s 2023 Ed. HEY! Publishing
par Anne Richard

La Galerie XXI

La Galerie XXI, installée boulevard Raspail à Paris depuis environ deux décennies et créée par Monsieur Michel-Antoine Blachère, change d’espace dans un contexte particulier – la conjoncture – et décide de transformer la Galerie XXI, lieu physique, en une Galerie virtuelle avec la conviction de mieux soutenir les artistes, à favoriser l’accès à l’art et aux expositions. La Galerie XXI devient un espace expérimental, circulaire avec l’émergence de toute une génération d’artistes, et qui accompagne aussi des pratiques et des projets sur le long terme. Une réflexion partagée avec les artistes – donner une priorité à la création, situer la place des chercheurs et des artistes dans nos sociétés – des expositions étonnantes, des lectures et rencontres émouvantes, dialogues sensibles intergénérationnels, stimulants sont l’identité même de la Galerie XXI.
La Galerie XXI propose tous les mois une exposition personnelle et présente aussi le travail des artistes de la Galerie XXI, céramistes, peintres, sculpteurs, oeuvres que vous pourrez acquérir directement sur le site www.galeriexxi.com

L’art n’a pas toujours changé le monde, mais il permet de transformer notre destin en conscience.

André Malraux